Bienvenue à la communauté fle

Ce blog s'adresse aux enseignants et aux apprenants de français langue étrangère. Il s'agit de partager mes idées d'activités et mon matériel pour la classe de fle ainsi que d'apporter des informations sur l'actualité culturelle française. Il est aussi le reflet de mon univers et mes gouts personnels. Il se dirige surtout aux niveaux intermédiaire (B1 et B2) et avancé (C1).
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vendredi 1 mars 2013

Le pianocktail

Le pianockctail est une invention farfelue qui apparaît dans le roman de Boris Vian L'Écume des jours (1947). Il s'agit d'un piano qui crée des coktails en fonction des morceaux de musique interprétés.


Voici un extrait du roman où on explique le fonctionnement du fameux pianocktail :

« - Prendras-tu un apéritif ? demanda Colin. Mon pianococktail est achevé, tu pourrais l’essayer.
- Il marche ? demanda Chick.
- Parfaitement. J’ai eu du mal à le mettre au point, mais le résultat dépasse mes espérances. J’ai obtenu, à partir, de la Black and Tan Fantasy, un mélange vraiment ahurissant.
- Quel est ton principe ? demanda Chick.
- A chaque note, dit Colin, je fais correspondre un alcool, une liqueur ou un aromate. La pédale forte correspond à l’œuf battu et la pédale faible à la glace. Pour l’eau de Selbtz, il faut un trille dans le registre aigu. Les quantités sont en raison directe de la durée : à la quadruple croche équivaut le seizième d’unité, à la noire l’unité, à la ronde le quadruple unité. Lorsque l’on joue un air lent, un système de registre est mis en action, de façon que la dose ne soit pas augmentée – ce qui donnerait un cocktail trop abondant – mais la teneur en alcool. Et, suivant la durée de l’air, on peut, si l’on veut, faire varier la valeur de l’unité, la réduisant, par exemple au centième, pour pouvoir obtenir une boisson tenant compte de toutes les harmonies au moyen d’un réglage latéral.
»



Fle : à vous d'inventer un objet insolite ou bizarre. Il faut le décrire avec le plus de détails possible. Utilisez les couleurs, les matières, les formes et dites à quoi il sert.
 

Audrey Tautou et Romain Duris dans le film
A noter et à ne pas manquer : L'Écume des jours vient d'être adapté au cinéma par Michel Gondry qui semble le réalisateur idéal pour rendre à l'écran l'univers poétique et onirique de ce roman. Le film sort au printemps 2013.

 

lundi 28 janvier 2013

Gavroche

Je profite de la sortie en salle du film Les Misérables, adaptation de la comédie musicale elle-même tirée du roman de Victor Hugo (1862), pour présenter Gavroche. Personnage secondaire, son visage d'enfant illustre pourtant les affiches du film et du musical. C'est le gamin de Paris par excellence, qui vit dans la rue, ses parents, les Thénardier, ne voulant pas de lui.



Pendant une insurrection républicaine, Gavroche meurt sur les barricades en essayant de récupérer des cartouches pour ses camarades. Il devient ainsi le symbole de la jeunesse révoltée par l'injustice et du sacrifice pour les causes nobles.
Il est intéressant de remarquer que, pour créer son personnage, Victor Hugo s'est inspiré de la figure enfantine qui apparaît à droite dans le tableau d'Eugène Delacroix La Liberté guidant le peuble (1830).


Aujourd'hui, Gavroche désigne un gamin des rues, un enfant de Paris, débrouillard et farceur.

Enfin, voici les paroles de la célèbre chanson qu'il chante au milieu des barricades et qu'il n'a pas le temps d'achever :

On est laid à Nanterre,
C'est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau,
C'est la faute à Rousseau.

Je ne suis pas notaire,
C'est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau.

Joie est mon caractère,
C'est la faute à Voltaire,
Misère est mon trousseau,
C'est la faute à Rousseau.

Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à... [Rousseau]


vendredi 9 novembre 2012

Ce que le jour doit à la nuit

Voilà un beau titre de roman qui annonce une très belle lecture: une histoire d'amour impossible dans (ou entre ) l'Algérie française et l'Algérie algérienne. Mais ce qui touche réellement c'est l'amour et la tendresse de son auteur, Yasmina Khadra, pour son pays.


« Ici nous ne disons pas nostalgie, nous disons nostalgérie. […] L’Algérie me colle à le peau […]. Des fois, elle me ronge comme une tunique de Nessus, des fois elle m’embaume comme un parfum délicat. J’essaye de la semer et n’y arrive pas. Comment oublier ? J’ai voulu mettre une croix sur mes souvenirs de jeunesse, passer à autre chose, repartir à zéro. Peine perdue ! Je ne suis pas un chat et je n’ai qu’une vie, et ma vie est restée là-bas, au bled. J’ai beau essayé de rassembler toutes les  horreurs pour le vomir, rien à faire : le soleil, les plages, nos rues, notre cuisine, nos bonnes vieilles cuites et nos jours heureux supplantent mes colères et je me surprends à sourire là où je me prépare à mordre. »

Le roman vient d'être adapté au cinéma par Alexandre Arcady.

Je vous recommande le site de l'auteur, très intéressant pour le découvrir mais aussi pour cet article sur le choix de la langue française comme langue d'écriture : Le choix de la langue

vendredi 20 juillet 2012

Le nez de Cléopâtre

C'est Blaise Pascal, mathématicien et philosophe français du XVIIe siècle, qui a rendu célèbre le nez de Cléôpatre grâce à cette citation: "Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face du monde aurait changé". Selon Pascal, ce qui est secondaire peut prendre une importance considérable. Si la reine d'Egypte avait eu un autre visage, César et Marc-Antoine ne seraient pas tombés amoureux d'elle et l'histoire du monde aurait changé (jeu de mot entre la "face" du monde, ici l'histoire, et la "face" d'une femme).

Et si... ? 
C'est bien connu, avec des "si" on refait le monde.
Mais pourquoi ne pas proposer aux élèves de refaire l'Histoire, justement et de chercher des propositions d'Histoire alternative.
Ce type d'exercice qui consiste à réinventer l'Histoire constitue un genre littéraire, souvent vu comme un dérivé de science-fiction : l'uchronie (par juxtaposition des mots "utopie" et "chronos"). Il permet pour le FLE de travailler l'expression de l'hypothèse dans le passé (la condition de s'est pas réalisée).

Quelques exemples d'amorces d'uchronie, imaginez la suite :

Et si Christophe Colomb n'avait pas découvert l'Amérique....
Et si l'invincible Armada avait battu la flotte anglaise et les espagnols avaient envahi l'Angleterre...
Et si Marie-Antoinette n'avait pas été guillotinée...

On peut demander aux élèves de proposer des amorces sur l'histoire de leur pays.

Pour terminer, une vidéo de Ray Ventura : Le nez de Cléopâtre (1938) où le fameux nez aurait dû être cette fois plus long... et un extrait des paroles de cette chanson.




Si le nez de Cléopâtre avait été plus long
Si le grand Paganini n’avait pas joué d’violon
Et si Roméo n’avait pas rencontré Juliette, 
On n’en s’rait pas là !

Si vraiment tous les chemins ne menaient pas à Rome
Si le père Adam n’avait pas tant aimé les pommes
Si les gars de Jéricho n’avaient pas eu d’ trompettes,
On n’en s’rait pas là !

Oh non, sans tout cela on n’aurait pas d’ennuis
Oh non, tous nos tracas seraient bien vite enfuis ….

Car si la Joconde n’avait pas son fameux sourire
Si Cambronne n’avait pas eu son petit mot à dire
Si François premier s’était payé une bicyclette,
On n’en s’rait pas là ! 
(...)


vendredi 18 mai 2012

Exercices de style

L'ouvrage Exercices de styles (1947, Gallimard) de Raymond Queneau propose une seule histoire racontée 99 fois de 99 façons différentes. Chaque version de l'histoire doit illustrer un genre stylistique bien particulier. Brillant exemple d'application d'une contrainte littéraire en tant que moteur créatif, ce livre est précurseur de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) dont Raymond Queneau, romancier, poète et amoureux des sciences, sera l'un des fondateurs.
 
L’histoire, plutôt anodine, tient en quelques mots:
Le narrateur rencontre dans un bus un jeune homme au long cou, coiffé d’un chapeau orné d’une tresse tenant lieu de ruban. Ce jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s’asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur revoit ce jeune homme qui est maintenant en train de discuter avec un ami. Celui-ci conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.

Queneau s'amuse dans un Photos maton

Extraits :

Onomatopées.
Sur la plate-forme, pla pla pla, d’un autobus, teuff teuff teuff, de la ligne S (pour qui sont ces serpents qui sifflent sur), il était environ midi, ding din don, ding din don, un ridicule éphèbe, prout prout, qui avait un de ces couvre-chefs, phui, se tourna (virevolte, virevolte) soudain vers son voisin d'un air de colère, rreuh, rreuh, et lui dit, hm hm : «vous faites exprès de me bousculer, monsieur.» Et toc. Là-dessus, vroutt, il se jette sur une place libre et s'y assoit, boum. Ce même jour, un peu plus tard, ding din don, ding din don, je le revis en compagnie d'un autre éphèbe, prout prout, qui lui causait bouton de pardessus (brr, brr, brr, il ne faisait donc pas si chaud que ça…). Et toc »

L'arc-en-ciel
Un jour, je me trouvai sur la plate-forme d'un autobus violet. Il y avait là un jeune homme assez ridicule : cou indigo, cordelière au chapeau. Tout d'un coup, il proteste contre un monsieur bleu. Il lui reproche notamment, d'une voix verte, de le bousculer chaque fois qu'il descend des gens. Ceci dit, il se précipite, vers une place jaune, pour s'y asseoir. Deux heures plus tard, je le rencontre devant une gare orangée. Il est avec un ami qui lui conseille de faire ajouter un bouton à son pardessus rouge.



A noter : un hommage aux Exercices dans Style mode d'emploi

vendredi 6 avril 2012

Le néologisme selon San-Antonio

San-Antonio, alias Frédéric Dard, est un des géants du polar français. Plus que les intrigues policières, c'est son style coloré, truculent et inventif qui le distingue. San-Antonio est un amoureux de la langue française qui prend un malin plaisir à s'amuser avec les figures de style et à imaginer de nouveaux mots. Il se vante d'ailleurs de n'avoir utilisé qu'un vocabulaire 300 mots (sur 175 livres !), “tous les autres, je les ai inventés”.


Dans l'extrait qui suit San-Antonio partage son opinion sur le français et nous encourage à inventer de nouveaux verbes :
 
Je rétrospecte pour bien me remettre dans l’œil les dédales de la prison. Ça vous chiffonne que je crée le verbe rétrospecter ? Faut pas, mes pommes, faut pas !

Ce qui manque à notre langage ce sont par-dessus tout des verbes. Le verbe c’est le ferment de la phrase, son sang, son sens, sa démarche. A partir de noms ou d’adjectifs, il est aisé d’en confectionner de nouveaux. Je vous engage tous (c’est aux jeunes que je cause, pas aux vieux kroumirs plus moisis que leurs manuels scolaires) à fabriquer du verbe pour que s’épanouisse notre langue. Ne vous laissez pas arrêter par la crainte de passer pour des incultes. Ce qui n’est pas français au départ le devient rapidement. Notre langue n’est pas la propriété exclusive des ronchons chargés de la préserver ; elle nous appartient à tous, et si nous décidons de pisser sur l’évier du conformisme ou dans le bidet de la sclérose, ça nous regarde ! Allons, les gars, verbaillons à qui mieux et refoulons les purpuristes sur l’île déserte des langues mortes !
© San-Antonio, Un Éléphant ça trompe, éd. du Fleuve Noir, Paris, 1968.

Et en voilà une petite liste, toujours de son cru. Observez la construction des verbes notamment).

allons-z'enfancer : chanter la Marseillaise
arc-en-ciélir : prendre toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.
badaboumer : exploser
barburiéro : guérilléro barbu
bécébégiste : personne BCBG
camemberter : dégouliner, couler
croûtonner : collectionner des tableaux  

débabéliser : s'internationaliser
doigtonner : tâtonner avec un doigt
éjupée (une) : femme vêtue d'une jupe très court
embigoudée : qui porte des bigoudis
gueuledeboisé : affligé d'une gueule de bois
jéhannedarquer : brûler 
paroldhonneurer : donner sa parole d'honneur
particulé : noble
saintbernarder : sauver quelqu'un.
salvadordalien : qui se rapporte à Salvador Dali
 san-antonilogisme : néologisme san-antonien
saucetomater : saigner

vendredi 17 février 2012

Le qu'en lira-t-on

Niveau B1

Daniel Pennac est un écrivain français dont l'oeuvre compte des romans, notamment la saga Malaussène , des essais, des récits et même des incursions dans la bande dessinée.

Dans son essais pédagogique sur la lecture Comme un Roman on trouve le célèbre qu'en-lira-t-on (ou les droits imprescribtibles du lecteur) :

1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n' importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n'importe où.
8. Le droit de grapiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.

Proposer d'abord une lecture de ce décalogue et demander aux élèves d'expliquer chacun des droits un par un et de donner des exemples de leur propre expérience de lecture.
Puis un exercice d'expression écrite, en binôme : rédiger leur propre décalogue de droits imprescriptibles du spectateur de cinéma ou de télévision, du joueur de foot, du cuisinier, de la femme au foyer, de l'élève de fle !