Bienvenue à la communauté fle

Ce blog s'adresse aux enseignants et aux apprenants de français langue étrangère. Il s'agit de partager mes idées d'activités et mon matériel pour la classe de fle ainsi que d'apporter des informations sur l'actualité culturelle française. Il est aussi le reflet de mon univers et mes gouts personnels. Il se dirige surtout aux niveaux intermédiaire (B1 et B2) et avancé (C1).

lundi 28 janvier 2013

Gavroche

Je profite de la sortie en salle du film Les Misérables, adaptation de la comédie musicale elle-même tirée du roman de Victor Hugo (1862), pour présenter Gavroche. Personnage secondaire, son visage d'enfant illustre pourtant les affiches du film et du musical. C'est le gamin de Paris par excellence, qui vit dans la rue, ses parents, les Thénardier, ne voulant pas de lui.



Pendant une insurrection républicaine, Gavroche meurt sur les barricades en essayant de récupérer des cartouches pour ses camarades. Il devient ainsi le symbole de la jeunesse révoltée par l'injustice et du sacrifice pour les causes nobles.
Il est intéressant de remarquer que, pour créer son personnage, Victor Hugo s'est inspiré de la figure enfantine qui apparaît à droite dans le tableau d'Eugène Delacroix La Liberté guidant le peuble (1830).


Aujourd'hui, Gavroche désigne un gamin des rues, un enfant de Paris, débrouillard et farceur.

Enfin, voici les paroles de la célèbre chanson qu'il chante au milieu des barricades et qu'il n'a pas le temps d'achever :

On est laid à Nanterre,
C'est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau,
C'est la faute à Rousseau.

Je ne suis pas notaire,
C'est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau.

Joie est mon caractère,
C'est la faute à Voltaire,
Misère est mon trousseau,
C'est la faute à Rousseau.

Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à... [Rousseau]


jeudi 6 décembre 2012

La bohème

La bohème, qu'est-ce que ça évoque pour vous ? Une chanson de Charles Aznavour ou un opéra de Puccini? Les cabarets de Montmartre qui accueillent des artistes sans le sou mais plein de génie ? Un peuple nomade qui vit en marge de la société ?
L'exposition Bohèmes qui est présentée au Grand Palais jusqu'au 14 janvier 2013 permet de s'interroger sur ce terme chargé d'imaginaire. Souvent associé à la vie d'artiste, le terme est devenu un adjectif qui renvoie au rejet de la société bourgeoise et des esthétiques dominantes. 


Dans ce micro trottoir chacun donne sa vision de la bohème.
Quelle est la votre ?

samedi 24 novembre 2012

A quoi ça sert l'amour

Quel est le point commun entre Carla Bruni et Édith Piaf ? Non, pas la voix. Mais peut être le curriculum amoureux. Si la môme chantait si bien l'amour c'est sans doute parce qu'elle savait bien de quoi elle parlait. La chanson Ça sert à quoi l'amour, écrite sur mesure pour elle, est interprétée en duo avec son troisième mari, Téo Sarapo, en 1962. Face aux questions désabusées du jeune homme elle oppose une foi inébranlable en l'amour.



La vidéo d'animation suivante permet de découvrir avec humour la chanson :

À quoi ça sert l'amour?                       
On raconte toujours
Des histoires insensées.
À quoi ça sert d'aimer ?

- L'amour ne s'explique pas !
C'est une chose comme ça
Qui vient, on ne sait d'où
Et vous prend tout à coup.

- Moi, j'ai entendu dire
Que l'amour fait souffrir
Que l'amour fait pleurer.
À quoi ça sert d'aimer ?

- L'amour, ça sert à quoi ?
À nous donner d'la joie
Avec des larmes aux yeux
C'est triste et merveilleux !

- Pourtant, on dit souvent
Qu'l'amour est décevant
Qu'il y en a un sur deux
Qui n'est jamais heureux

- Même quand on l'a perdu
L'amour qu'on a connu
Vous laisse un goût de miel.
L'amour c'est éternel !

- Tout ça, c'est très joli
Mais quand tout est fini
Il ne vous reste rien
Qu'un immense chagrin

- Tout ce qui maintenant
Te semble déchirant,
Demain, sera pour toi
Un souvenir de joie !

- En somme, si j'ai compris
Sans amour dans la vie
Sans ses joies, ses chagrins
On a vécu pour rien ?

- Mais oui ! Regarde-moi !
À chaque fois j'y crois
Et j'y croirai toujours
Ça sert à ça, l'amour !

Mais toi, t'es le dernier
Mais toi, t'es le premier !
Avant toi, y avait rien
Avec toi je suis bien !

C'est toi que je voulais
C'est toi qu'il me fallait !
Toi que j'aimerai toujours
Ça sert à ça, l'amour !

vendredi 9 novembre 2012

Ce que le jour doit à la nuit

Voilà un beau titre de roman qui annonce une très belle lecture: une histoire d'amour impossible dans (ou entre ) l'Algérie française et l'Algérie algérienne. Mais ce qui touche réellement c'est l'amour et la tendresse de son auteur, Yasmina Khadra, pour son pays.


« Ici nous ne disons pas nostalgie, nous disons nostalgérie. […] L’Algérie me colle à le peau […]. Des fois, elle me ronge comme une tunique de Nessus, des fois elle m’embaume comme un parfum délicat. J’essaye de la semer et n’y arrive pas. Comment oublier ? J’ai voulu mettre une croix sur mes souvenirs de jeunesse, passer à autre chose, repartir à zéro. Peine perdue ! Je ne suis pas un chat et je n’ai qu’une vie, et ma vie est restée là-bas, au bled. J’ai beau essayé de rassembler toutes les  horreurs pour le vomir, rien à faire : le soleil, les plages, nos rues, notre cuisine, nos bonnes vieilles cuites et nos jours heureux supplantent mes colères et je me surprends à sourire là où je me prépare à mordre. »

Le roman vient d'être adapté au cinéma par Alexandre Arcady.

Je vous recommande le site de l'auteur, très intéressant pour le découvrir mais aussi pour cet article sur le choix de la langue française comme langue d'écriture : Le choix de la langue

lundi 17 septembre 2012

Rumba des îles


Rumba des îles est un texte écrit par Marguerite Duras pour son film India Song (1975). Elle l'interprète dans un magnifique duo avec l'actrice Jeanne Moreau accompagné de la musique du compositeur argentin Carlos d'Alessio. Les paroles simples mais très évocatrices nous transportent jusqu'aux rives du Gange à Calcutta.

Je vous conseille d'écouter et de lire le dialogue en même temps.



(Jeanne) Cette lumière ?
(Marguerite) La mousson, dessous : le Bengale
(Jeanne) Cette poussière là-bas ?
(Marguerite) Calcutta Central
(Jeanne) Cette rumeur ?
(Marguerite) Le Gange
(Jeanne) Où est-on ?
(Marguerite) L'Ambassade de France aux Indes
(Jeanne) Il y a comme une odeur de fleurs ?
(Marguerite) La lèpre

(Jeanne) Cette couleur verte, elle grandit
(Marguerite) L'océan Indien
(Jeanne) Ces jonques ?
(Marguerite) Le riz. Elles vont vers le grand Mandel
(Jeanne) Sur les talus, ces taches sombres ?
(Marguerite) Les gens. La densité la plus élevée du monde
(Jeanne) Ces miroirs noirs ?
(Marguerite) La rizière indienne
(Jeanne) Ces lueurs là-bas ? On brûle les morts de la faim ?
(Marguerite) Oui. Le jour vient

(Jeanne) Cet amour ?
(Marguerite) L'amour
(Jeanne) On danse à l'autre bout du hall ?
(Marguerite) Des touristes de Ceylan
(Jeanne) Qu'elle est blanche ! Qu'elles sont blanches les femmes de Calcutta !
(Marguerite) Pendant six mois, elles ne sortent qu'avec le soir, fuient le soleil
(Jeanne) Morte là-bas ?
(Marguerite) Aux îles, trouvée morte, une nuit

(Jeanne) Ce mot ?
(Marguerite) Désir

(Jeanne) Celle qui vient dans cette odeur de fleurs ?
(Marguerite) Une mendiante
(Jeanne) Folle ?
(Marguerite) C'est ça ! Elle vient de Birmanie
(Jeanne) Maigre !
(Marguerite) La faim
(Jeanne) À Calcutta, elles étaient ensemble ?
(Marguerite) Oui, c'était pendant les mêmes années
Paroles: Marguerite Duras. Musique: Carlos d'Alessio   1975 © Polydor note: du film India Song 

Pour le Fle : travail d'expression écrite.
Le texte est construit autour d'une série de questions et de réponses dont l'objectif est d'évoquer Calcutta à travers des images presque photographiques, des couleurs, des odeurs et même des sons. On pourrait demander aux élèves d'écrire un texte qui ferait la description de leur ville. Ils peuvent même reprendre la majorité des questions et donner d'autres réponses.

Et pour ceux qui ont aimé et qui veulent continuer à voyager dans le temps et l'espace, écoutez une autre chanson du même film interprétée par Jeanne Moreau : India song

samedi 8 septembre 2012

Le Bon Marché et Marjane Satrapi

Catherine Deneuve devant le Bon Marché
Le Bon Marché est le premier des Grands Magasins de Paris apparus au XIXe siècle. Il a d'ailleurs servi d'inspiration à Émile Zola pour son roman Au Bonheur des Dames. Moins connu à l'étranger que Les Galeries Lafayette il est néanmoins tout aussi chic.  A la différence des autres grands magasins parisiens, il est actuellement le seul a être situé sur la rive gauche (la moitié sud de la ville par rapport à la Seine) où historiquement sont regroupés les intellectuels (boulevard Saint Germain), les étudiants (le quartier Latin) et les artistes.

Pour refléter l'esprit libre de la rive gauche et à l'occasion de ses 160 ans, le Bon Marché rend hommage à Catherine Deneuve, à travers une série d'illustrations de Marjane Satrapi (l'auteur de Persepolis) mettant en scène l'actrice dans ses endroits préférés de ce côté du fleuve. Ces dessins vont décorer toutes les vitrines du grand magasin du 9 septembre au 7 octobre.


Au Jardin des Plantes

La chaîne de télé Arte a consacré un documentaire et un dossier très intéressants sur les grands magasins : Au Bonheur des Dames, l'invention du Grand Magasin. En voici la présentation :



vendredi 20 juillet 2012

Le nez de Cléopâtre

C'est Blaise Pascal, mathématicien et philosophe français du XVIIe siècle, qui a rendu célèbre le nez de Cléôpatre grâce à cette citation: "Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face du monde aurait changé". Selon Pascal, ce qui est secondaire peut prendre une importance considérable. Si la reine d'Egypte avait eu un autre visage, César et Marc-Antoine ne seraient pas tombés amoureux d'elle et l'histoire du monde aurait changé (jeu de mot entre la "face" du monde, ici l'histoire, et la "face" d'une femme).

Et si... ? 
C'est bien connu, avec des "si" on refait le monde.
Mais pourquoi ne pas proposer aux élèves de refaire l'Histoire, justement et de chercher des propositions d'Histoire alternative.
Ce type d'exercice qui consiste à réinventer l'Histoire constitue un genre littéraire, souvent vu comme un dérivé de science-fiction : l'uchronie (par juxtaposition des mots "utopie" et "chronos"). Il permet pour le FLE de travailler l'expression de l'hypothèse dans le passé (la condition de s'est pas réalisée).

Quelques exemples d'amorces d'uchronie, imaginez la suite :

Et si Christophe Colomb n'avait pas découvert l'Amérique....
Et si l'invincible Armada avait battu la flotte anglaise et les espagnols avaient envahi l'Angleterre...
Et si Marie-Antoinette n'avait pas été guillotinée...

On peut demander aux élèves de proposer des amorces sur l'histoire de leur pays.

Pour terminer, une vidéo de Ray Ventura : Le nez de Cléopâtre (1938) où le fameux nez aurait dû être cette fois plus long... et un extrait des paroles de cette chanson.




Si le nez de Cléopâtre avait été plus long
Si le grand Paganini n’avait pas joué d’violon
Et si Roméo n’avait pas rencontré Juliette, 
On n’en s’rait pas là !

Si vraiment tous les chemins ne menaient pas à Rome
Si le père Adam n’avait pas tant aimé les pommes
Si les gars de Jéricho n’avaient pas eu d’ trompettes,
On n’en s’rait pas là !

Oh non, sans tout cela on n’aurait pas d’ennuis
Oh non, tous nos tracas seraient bien vite enfuis ….

Car si la Joconde n’avait pas son fameux sourire
Si Cambronne n’avait pas eu son petit mot à dire
Si François premier s’était payé une bicyclette,
On n’en s’rait pas là ! 
(...)