Bienvenue à la communauté fle

Ce blog s'adresse aux enseignants et aux apprenants de français langue étrangère. Il s'agit de partager mes idées d'activités et mon matériel pour la classe de fle ainsi que d'apporter des informations sur l'actualité culturelle française. Il est aussi le reflet de mon univers et mes gouts personnels. Il se dirige surtout aux niveaux intermédiaire (B1 et B2) et avancé (C1).

lundi 17 septembre 2012

Rumba des îles


Rumba des îles est un texte écrit par Marguerite Duras pour son film India Song (1975). Elle l'interprète dans un magnifique duo avec l'actrice Jeanne Moreau accompagné de la musique du compositeur argentin Carlos d'Alessio. Les paroles simples mais très évocatrices nous transportent jusqu'aux rives du Gange à Calcutta.

Je vous conseille d'écouter et de lire le dialogue en même temps.



(Jeanne) Cette lumière ?
(Marguerite) La mousson, dessous : le Bengale
(Jeanne) Cette poussière là-bas ?
(Marguerite) Calcutta Central
(Jeanne) Cette rumeur ?
(Marguerite) Le Gange
(Jeanne) Où est-on ?
(Marguerite) L'Ambassade de France aux Indes
(Jeanne) Il y a comme une odeur de fleurs ?
(Marguerite) La lèpre

(Jeanne) Cette couleur verte, elle grandit
(Marguerite) L'océan Indien
(Jeanne) Ces jonques ?
(Marguerite) Le riz. Elles vont vers le grand Mandel
(Jeanne) Sur les talus, ces taches sombres ?
(Marguerite) Les gens. La densité la plus élevée du monde
(Jeanne) Ces miroirs noirs ?
(Marguerite) La rizière indienne
(Jeanne) Ces lueurs là-bas ? On brûle les morts de la faim ?
(Marguerite) Oui. Le jour vient

(Jeanne) Cet amour ?
(Marguerite) L'amour
(Jeanne) On danse à l'autre bout du hall ?
(Marguerite) Des touristes de Ceylan
(Jeanne) Qu'elle est blanche ! Qu'elles sont blanches les femmes de Calcutta !
(Marguerite) Pendant six mois, elles ne sortent qu'avec le soir, fuient le soleil
(Jeanne) Morte là-bas ?
(Marguerite) Aux îles, trouvée morte, une nuit

(Jeanne) Ce mot ?
(Marguerite) Désir

(Jeanne) Celle qui vient dans cette odeur de fleurs ?
(Marguerite) Une mendiante
(Jeanne) Folle ?
(Marguerite) C'est ça ! Elle vient de Birmanie
(Jeanne) Maigre !
(Marguerite) La faim
(Jeanne) À Calcutta, elles étaient ensemble ?
(Marguerite) Oui, c'était pendant les mêmes années
Paroles: Marguerite Duras. Musique: Carlos d'Alessio   1975 © Polydor note: du film India Song 

Pour le Fle : travail d'expression écrite.
Le texte est construit autour d'une série de questions et de réponses dont l'objectif est d'évoquer Calcutta à travers des images presque photographiques, des couleurs, des odeurs et même des sons. On pourrait demander aux élèves d'écrire un texte qui ferait la description de leur ville. Ils peuvent même reprendre la majorité des questions et donner d'autres réponses.

Et pour ceux qui ont aimé et qui veulent continuer à voyager dans le temps et l'espace, écoutez une autre chanson du même film interprétée par Jeanne Moreau : India song

samedi 8 septembre 2012

Le Bon Marché et Marjane Satrapi

Catherine Deneuve devant le Bon Marché
Le Bon Marché est le premier des Grands Magasins de Paris apparus au XIXe siècle. Il a d'ailleurs servi d'inspiration à Émile Zola pour son roman Au Bonheur des Dames. Moins connu à l'étranger que Les Galeries Lafayette il est néanmoins tout aussi chic.  A la différence des autres grands magasins parisiens, il est actuellement le seul a être situé sur la rive gauche (la moitié sud de la ville par rapport à la Seine) où historiquement sont regroupés les intellectuels (boulevard Saint Germain), les étudiants (le quartier Latin) et les artistes.

Pour refléter l'esprit libre de la rive gauche et à l'occasion de ses 160 ans, le Bon Marché rend hommage à Catherine Deneuve, à travers une série d'illustrations de Marjane Satrapi (l'auteur de Persepolis) mettant en scène l'actrice dans ses endroits préférés de ce côté du fleuve. Ces dessins vont décorer toutes les vitrines du grand magasin du 9 septembre au 7 octobre.


Au Jardin des Plantes

La chaîne de télé Arte a consacré un documentaire et un dossier très intéressants sur les grands magasins : Au Bonheur des Dames, l'invention du Grand Magasin. En voici la présentation :



vendredi 20 juillet 2012

Le nez de Cléopâtre

C'est Blaise Pascal, mathématicien et philosophe français du XVIIe siècle, qui a rendu célèbre le nez de Cléôpatre grâce à cette citation: "Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face du monde aurait changé". Selon Pascal, ce qui est secondaire peut prendre une importance considérable. Si la reine d'Egypte avait eu un autre visage, César et Marc-Antoine ne seraient pas tombés amoureux d'elle et l'histoire du monde aurait changé (jeu de mot entre la "face" du monde, ici l'histoire, et la "face" d'une femme).

Et si... ? 
C'est bien connu, avec des "si" on refait le monde.
Mais pourquoi ne pas proposer aux élèves de refaire l'Histoire, justement et de chercher des propositions d'Histoire alternative.
Ce type d'exercice qui consiste à réinventer l'Histoire constitue un genre littéraire, souvent vu comme un dérivé de science-fiction : l'uchronie (par juxtaposition des mots "utopie" et "chronos"). Il permet pour le FLE de travailler l'expression de l'hypothèse dans le passé (la condition de s'est pas réalisée).

Quelques exemples d'amorces d'uchronie, imaginez la suite :

Et si Christophe Colomb n'avait pas découvert l'Amérique....
Et si l'invincible Armada avait battu la flotte anglaise et les espagnols avaient envahi l'Angleterre...
Et si Marie-Antoinette n'avait pas été guillotinée...

On peut demander aux élèves de proposer des amorces sur l'histoire de leur pays.

Pour terminer, une vidéo de Ray Ventura : Le nez de Cléopâtre (1938) où le fameux nez aurait dû être cette fois plus long... et un extrait des paroles de cette chanson.




Si le nez de Cléopâtre avait été plus long
Si le grand Paganini n’avait pas joué d’violon
Et si Roméo n’avait pas rencontré Juliette, 
On n’en s’rait pas là !

Si vraiment tous les chemins ne menaient pas à Rome
Si le père Adam n’avait pas tant aimé les pommes
Si les gars de Jéricho n’avaient pas eu d’ trompettes,
On n’en s’rait pas là !

Oh non, sans tout cela on n’aurait pas d’ennuis
Oh non, tous nos tracas seraient bien vite enfuis ….

Car si la Joconde n’avait pas son fameux sourire
Si Cambronne n’avait pas eu son petit mot à dire
Si François premier s’était payé une bicyclette,
On n’en s’rait pas là ! 
(...)


samedi 14 juillet 2012

La piscine

L'été, il fait très chaud... et plus encore si on habite comme moi Madrid !
C'est sans doute pour ça que l'envie m'a prise de poster cette bande-annonce du film La piscine (1969). C'est terrible, ce besoin de plonger la tête la première dans de l'eau bien fraiche.


Dans ce film aussi il fait chaud et tous les acteurs sont jeunes et beaux. Il réunit une nouvelle fois à l'écran le couple mythique formé par Romy Schneider et Alain Delon. Mais il y a aussi Jane Birkin et surtout Maurice Ronet.

Voici la bande-annonce :


Travail à partir de la bande-annonce : Faire des hypothèses sur les personnages, leur psychologie, leurs relations, leurs sentiments et sur le déroulement de l'histoire.
Il n' y a pratiquement que quatre personnages : Jean-Paul (Alain Delon), Marianne (Romy Schneider), Pénélope (Jane Birkin) et Harry (Maurice Ronet)... et un inspecteur ! Pourquoi ?

Rédiger le synopsis du film.

Mais pour ceux qui veulent découvrir l'histoire, cliquez ici pour un résumé.

mercredi 20 juin 2012

Paris en chansons

L' exposition Paris en Chansons, actuellement à la Galerie des Bibliothèques (Paris)s'inspire d'une citation de George Gershwin : " Il n'y a que deux sujets de chansons possibles : Paris et l'amour ". Elle associe des photos et des affiches à un parcours sonore qui permet d'écouter plus de 200 chansons sur Paris, du 16e siècle à aujourd'hui.
En complèment le site de l'exposition offre notamment une cartographie sonore de Paris pour retrouver les chansons par arrondissement, par rue, par interprète ou par décennie de création des oeuvres (cliquez sur Carte interactive dans le menu d'accueil du site).
Je vous conseille d'y faire un tour (en internaute). C'est une jolie idée pour (re)découvrir la chanson française.




samedi 16 juin 2012

Aveugles

L'oeuvre de Sophie Calle prend souvent appui sur son intimité pour la transcender et créer un projet artistique. Toutefois dans  Aveugles (1986) elle passe de l'autobiographie à la biographie pour donner la parole à l'Autre. A travers une série de témoignages d'aveugles et de photos prises à partir de ces récits, elle propose une réflexion sur l'absence d'un sens.

Dans cette série, Sophie Calle a demandé à 18 aveugles de naissance quelle idée ils se faisaient de la beauté.



Thèmes pour le Fle : la beauté . les sens
Qu'est-ce que la beauté pour vous ? Donner une image, faire une description.
Les 5 sens : la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat, le goût. Ecrire un texte qui mélange différentes sensations

Pour compléter, un article dans le site Psychologie.com qui s'inspire de cette expo : La beauté "vue" par les aveugles. 

vendredi 18 mai 2012

Exercices de style

L'ouvrage Exercices de styles (1947, Gallimard) de Raymond Queneau propose une seule histoire racontée 99 fois de 99 façons différentes. Chaque version de l'histoire doit illustrer un genre stylistique bien particulier. Brillant exemple d'application d'une contrainte littéraire en tant que moteur créatif, ce livre est précurseur de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) dont Raymond Queneau, romancier, poète et amoureux des sciences, sera l'un des fondateurs.
 
L’histoire, plutôt anodine, tient en quelques mots:
Le narrateur rencontre dans un bus un jeune homme au long cou, coiffé d’un chapeau orné d’une tresse tenant lieu de ruban. Ce jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s’asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur revoit ce jeune homme qui est maintenant en train de discuter avec un ami. Celui-ci conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.

Queneau s'amuse dans un Photos maton

Extraits :

Onomatopées.
Sur la plate-forme, pla pla pla, d’un autobus, teuff teuff teuff, de la ligne S (pour qui sont ces serpents qui sifflent sur), il était environ midi, ding din don, ding din don, un ridicule éphèbe, prout prout, qui avait un de ces couvre-chefs, phui, se tourna (virevolte, virevolte) soudain vers son voisin d'un air de colère, rreuh, rreuh, et lui dit, hm hm : «vous faites exprès de me bousculer, monsieur.» Et toc. Là-dessus, vroutt, il se jette sur une place libre et s'y assoit, boum. Ce même jour, un peu plus tard, ding din don, ding din don, je le revis en compagnie d'un autre éphèbe, prout prout, qui lui causait bouton de pardessus (brr, brr, brr, il ne faisait donc pas si chaud que ça…). Et toc »

L'arc-en-ciel
Un jour, je me trouvai sur la plate-forme d'un autobus violet. Il y avait là un jeune homme assez ridicule : cou indigo, cordelière au chapeau. Tout d'un coup, il proteste contre un monsieur bleu. Il lui reproche notamment, d'une voix verte, de le bousculer chaque fois qu'il descend des gens. Ceci dit, il se précipite, vers une place jaune, pour s'y asseoir. Deux heures plus tard, je le rencontre devant une gare orangée. Il est avec un ami qui lui conseille de faire ajouter un bouton à son pardessus rouge.



A noter : un hommage aux Exercices dans Style mode d'emploi